La conférence de presse d’Alternatiba Poitiers

La conférence de presse d’Alternatiba Poitiers

Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’homme : « On vit ce matin un moment important pour la défense de la démocratie. À une époque où nos libertés sont très largement remises en question. L’enjeu de ce procès est considérable. […] Nous sommes inquiets du climat ambiant car il y a des atteintes portées à nos associations à travers cette question des subventions. On porte atteinte à l’un des socles de la démocratie, celui d’avoir des contre-pouvoirs. »

Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac France : « C’est un rassemblement significatif pour faire une démonstration de force puisque les attaques aux libertés publiques sont sans précédents. Nous avons besoin de cette victoire car ce serait un précédent juridique extrêmement précieux sur lequel les organisations vont pouvoir s’appuyer pour continuer leurs actions de transformations sociales. »

Laura Monnier, porte-parole de Greenpeace France : « Cette décision fera jurisprudence sur des retraits de subventions et d’agréments que pourra réaliser l’État pour des motifs d’atteinte à l’ordre public. Avec cette loi séparatisme, l’État essaie de taper au niveau financier et juridique sur les associations. On constate, en tant qu’association historique sur la désobéissance civile, un glissement vers une répression via la police administrative sur notre liberté d’expression. »

Ambroise Puaud, porte-parole de Bassines non merci 86 : « Notre collectif était invité à participer à un débat sur la gestion de l’eau et les mégabassines. Au lieu de saluer cette initiative, le préfet s’est indigné de la participation de notre collectif à cette belle manifestation. […] Pourquoi le préfet s’emploie-t-il autant à attaquer les lanceurs d’alerte ? Plutôt que d’attaquer ceux qui empoisonnent et assèchent les rivières et les nappes de la Vienne. »

Mathilde, porte parole du collectif Extinction Rebellion: Depuis les années 70 et encore aujourd’hui, des scientifiques et des chercheureuses alertent, des citoyen-nes se renseignent et agissent sur des questions environnementales multiples… Et pourtant, rien ne bouge au niveau gouvernemental, ou en tout cas clairement pas assez vite, et clairement pas à la hauteur des enjeux auxquels nous faisons face. Pourtant, alors que la situation de danger dans laquelle nous nous trouvons actuellement ne fait plus aucun doute, les projets écocidaires soutenus par ce gouvernement ne font que se multiplier : autoroutes inutiles, méga-bassines illégales, relance de l’aviation, sans parler de la mise à mal de nos acquis sociaux fondamentaux. Nous nous devons de mettre en lumière l’incompatibilité profonde entre le mode de développement économique actuel, basé sur le mythe de la croissance – verte ou infinie -, et les limites de notre planète qui ne cessent d’être dépassées.

Si les processus démocratiques et d’enquête sont de plus en plus empêchés, le devoir des politiques est pourtant de dire la vérité et de garantir son accès . Mais la vérité a disparu de la bouche des politiques.  Or, si ni le gouvernement, ni les grandes entreprises, ni les médias mainstream ne choisissent de parler de la gravité de la situation et de la profondeur des changements qu’il va falloir opérer pour y faire face : qui le fera ?

C’est pour cela, qu’il est un DEVOIR de ne pas laisser la population dans un état d’anxiété paralysante qui nous divise. C’est un DEVOIR d’informer sur les alternatives et les changements à mettre en œuvre. C’est un DEVOIR d’encourager les citoyen-nes à exprimer leurs craintes et espoirs légitimes par la non violence.

Les conséquences de ce procès pourraient durablement mettre en danger cette liberté d’expression et d’information que nous défendons dans nos valeurs, c’est pourquoi il est si important que nous soyons ici réuni.e.s. Nous, associations, collectifs, syndicats voir élu-es, construisons ensemble un futur qui donne droit à des conditions de vie sur Terre digne pour tous et toutes. Nous devons rester fier-es de porter haut ces valeurs, de les transmettre par l’éducation populaire, par nos expériences et nos réalités. À Extinction Rebellion, notre slogan est « Amour & Rage ». Je vous le partage, en espérant que ces émotions vous inspirent pour trouver l’énergie de créer un futur désirable, et de ne jamais lâcher.

Benjamin, de La compagnie Arlette Moreau a expliqué sa situation, qui présente des similitudes avec celle d’Alternatiba Poitiers: la direction aux droits des femmes et à l’égalité de Nouvelle Aquitaine a refusé en juillet de subventionner la pièce de cette compagnie en se basant sur un dispositif de la «loi séparatisme». Son avocat, Paul Mathonnet, pointe un « motif politique » et a déposé un recours en justice.

Christiane Queyreix, porte-parole d’Alternatiba Poitiers : « Avec ses deux grands villages à Poitiers, Alternatiba a montré qu’une société alternative était possible. En laissant entendre que les alternatives peuvent tout à fait passer de la marge à la norme avec des leviers d’actions à l’échelle des collectivités locales. Ces deux villages ont apporté de la joie et de la lucidité, des possibles alliances et des propositions de résistance. Ces villages proposent le rêve d’une société décroissante basée sur les liens humains, à l’encontre d’une société consumériste, de compétition et d’individualisme. Une société désirable donc, en mélangeant la fête et la lutte. »

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